Le pont du portier du haut saute le 10 septembre 1944 à Algrange

Témoignage de Marcel CREUTZ (le 2 septembre 1994)

" Dans la matinée du dimanche 10 septembre 1944, une explosion a secoué la tranquillité de la ville. Le pont du portier d'Algrange sautait. Dans l'après-midi, mon père et moi sommes allés sur les lieux. Le pont n'existait plus.......Un canon anti-char était dirigé vers la route menant à Knutange. Une demi-douzaine de soldats allemands s'affairaient à consolider la position.

        En passant par la route de Nilvange, descendant le " petit chemin noir " et la route du " Thésonia " (le cinéma) nous sommes arrivés au croisement du viaduc, en passant le pont de la Fensch. Au coin, un canon anti-char était dirigé sur Fontoy. Ses servants allemands s'affairaient, tout en surveillant l'arrivée éventuelle de chars américains. Mais la route nationale, dans le virage avant le portier de Fontoy, avait été dynamitée et les maisons détruites, cela retardait leur avance.

En revenant par le même chemin sur Algrange, à hauteur du passage à niveau, rue de la Paix, nous vîmes des soldats américains guidés par les habitants à travers leurs jardins. Ils poursuivaient les soldats allemands qui avaient quitté leur canon du portier d'Algrange et fuyaient vers la montée des réfrigérants, derrière la voie du chemin de fer...Des mansardes du café de l'Usine, des GI's tiraient sur les fuyards et les invitaient à se rendre.

En passant rapidement sous les balles, nous sommes rentrés dans notre rue Saint Jean. Là, un attroupement s'était formé sur la placette dite " des Cochons ". Tout le monde avait les yeux fixés vers la rue de la Gare où des GI's venaient en masse de la barrière de la Burbach. Les Américains longeaient les caniveaux pour laisser la place aux chars d'assaut. Ces derniers faisaient un bruit assourdissant. Ils suivaient tous le même itinéraire, c'est à dire: la rue de la Gare jusqu'au café de la Poste; là, ils tournaient à droite dans la rue Saint Jean et ensuite à gauche montaient vers la rue de la Fontaine en traversant la rue principale, continuaient leur montée, passant par la rue Marie Douchet, puis montaient encore tout droit vers le plateau en longeant le jardin " des Chères Soeurs ".

Dans la rue Saint Jean, la " cantine " de la mine Burbach servait d'hôpital de campagne. Là, les jeeps, descendant la rue du Kemel, amenaient les blessés...Ceux-ci, brancardés sur le capot des jeeps, étaient accueillis par les infirmiers américains. Les morts étaient mis derrière un petit mur à gauche de la rue de la Fontaine..."

Le 17 septembre la Libération de la ville fut fêtée avec enthousiasme....

Le 17 septembre 1944, fut célébré la Libération d'Algrange....

Le club philatélique d'Algrange pour le cinquantenaire de cette libération a fait une oblitération spéciale pour le 10 septembre 1994